Psychologue à Paris 11 - Docteur en Psychologie -
Ralph Sibony
Ralph Sibony
Psychologue à Paris 11
- Docteur en Psychologie -

La Solitude


La solitude est à distinguer de l’isolement. L’on peut se sentir seul au milieu d’une foule ou parmi ses amis d’un coté, traverser  l’océan pacifique tout seul sans se sentir seul d’un autre coté. Autrement dit le sentiment de solitude est une affaire d’intériorité que l’on peut séparer du fait d’être entouré. Mais ce sentiment questionne toujours le lien.

Première hypothèse :

Un sujet qui a traversé plusieurs rejets, qui n’est pas vraiment voulu dans telle ou telle société, bref quelqu’un qui n’arrive pas à trouver sa place mais qui, comme tout le monde, a besoin d’une place, risque de se perdre à force d’essayer de s’adapter. Il se perd car il n’a pas réussi à se faire sa place et non une place. Nous pouvons souligner le « sa »  car en échouant à faire sa place il perds ses liens avec ses origines et par conséquent son sentiment d’authenticité. Il risque alors de tomber dans une forme d’inhibition et de silence psychique sans pour autant être conscient de solitude. Parfois il en est conscient et parfois la solitude le rattrape pout l’éprouver sur le terrain des rencontres.

Deuxième hypothèse :

La solitude naît dans l’écart entre ce que l’on a et ce que l’on veut. Ce qui justifie, par rapport à cet écart, de parler de solitude au lieu de frustration c’est le lien. L’écart entre le lien que l’on a avec les autres et celui que l’on souhaite. 

Il ya aussi une question de temps :

Quand cet écart est important on est coincé dans un temps présent qui ne cesse de s’étirer car on arrive pas à connecter le passé qui contient ce que l’on a et l’avenir qui promet ce que l’on veut.

Sur le plan métaphysique comment expliquer le sentiment de solitude ou du moins le sentiment d’isolement corolaire de la plainte ? Plusieurs, pour ne pas dire la majorité des personnes qui viennent consulter ont l’impression d’être les seuls à souffrir du mal qui les accable. Il arrive qu’il posent la question à savoir si d’autres en souffre et à la réponse oui ils éprouvent un soulagement immédiat. Le symptôme, n’importe lequel, a t il le pouvoir de faire naître chez le sujet la sensation que lui seul souffre ? Produit-il un sentiment de solitude ? Si le symptôme est une construction qui se prête à la communication ne serait ce que par le fait qu’il peut être interprété et déchiré il semblerait qu’il a le pouvoir de priver le sujet de la communion : d’où le sentiment de solitude. La communion est bien plus précieuse que la communication du fait qu’elle renferme la gratification produite par le lien social. Toutes les réticences concernant la vacuité des réseaux sociaux, des sites de rencontres, messageries etc en témoignent.

La question de la solitude semble être liée à celle du lieu. Beaucoup de gens qui souffrent de solitude ne supportent pas d’être chez eux. Ils l’expriment de façons différentes : leur appartement se referme sur eux, ils s’ennuie, le plus souvent ils angoissent.. Ce qui est censé être leur lieu ne leur convient pas. Il y aurais une sorte d’inadéquation entre eux et leur lieu qui fait qu’il n’arrivent pas à sentir que des événements se produisent dans leur lieu et que la possibilité d’avoir lieu semble pour eux obstruée. Que veut dire avoir lieu ? Cela veut dire exprimer sur le plan psychologique quelque chose - un événement qui surgit - grâce au fait que l’on a un endroit, un lieu. Le lieu pour un individu, comme un temple pour une communauté, permet d’exprimer des contenus psychiques intimes, sur un mode communicatif et créatif. Il permet de nouer ou renouer une alliance avec l’altérité (en ce sens que l’altérité c’est tout ce qui est différent de soi) sous de bonnes augures.


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